Allons-nous vers un secteur de la santé à deux vitesses? Paralysie cérébrale France, une fédération de premier plan représentant des personnes en situation de handicap, pointe l’incohérence du périmètre du « Ségur de la santé », qui met aujourd’hui en très grande difficulté les établissements et services médico-sociaux du secteur du handicap. Ces derniers rencontrent en effet de très graves problèmes d’attractivité.
Par Jacky Vagnoni, Président de Paralysie Cérébrale France
Si Paralysie Cérébrale France se félicite bien évidemment de la revalorisation des salaires et des carrières des professionnels qui interviennent à l’hôpital et en Ehpad, le secteur médico-social ne se limite toutefois pas aux seuls Ehpad. Tous les établissements et services qui interviennent auprès des personnes en situation de handicap devraient également bénéficier de cette revalorisation. Or ce n’est pas le cas. Cette absence de cohérence met aujourd’hui en très grandes difficultés leur fonctionnement avec des démissions sans précédent et des difficultés extrêmement fortes de recrutement.
Paralysie Cérébrale France constate même un mouvement très inquiétant conduisant les aides-soignants (AS) et les accompagnants éducatifs et sociaux (AES) à quitter le champ des établissements pour personnes en situation de handicap (Maison d’Accueil Spécialisé / Foyer d’Accueil Médicalisé) pour intégrer le secteur des Ehpad ou le secteur hospitalier. Certaines offres d’emploi ne débouchent actuellement sur aucune candidature.
Cette situation pourrait conduire à terme à des drames humains ou à contraindre les opérateurs, pour des raisons de sécurité et de sauvegarde des règles les plus élémentaires de bientraitance, à la fermeture de structures faute de ressources humaines suffisantes.
Ce contexte démontre, si besoin était, l’importance de considérer de manière globale les mécanismes de revalorisation salariale et d’attractivité des métiers de l’ensemble des professionnels du soin et de l’accompagnement. Cette revalorisation doit ainsi être liée au métier exercé et non au type d’établissement dans lequel est exercé ledit métier.
Pour ces raisons, il est essentiel que les mesures de revalorisation arbitrées dans le cadre du « Ségur de la santé » bénéficient à l’ensemble des structures médico-sociales sans considération de statut public ou privé ni de nature de financement (assurance maladie / Etat / Conseils départementaux) ou de type de structure dans lequel exerce le professionnel.
Sans des mesures correctives particulièrement urgentes, nous allons véritablement vers un secteur de la santé à deux vitesses renforçant encore les inégalités d’accès aux soins des personnes en situation de handicap et une remise en cause de leurs droits dans un contexte sanitaire très préoccupant qui appelle la mobilisation de tous.
L’annonce récente de la création de la mission Laforcade, à la suite du Comité Interministériel du Handicap du 16 novembre dernier, n’augure pas d’une réponse rapide à l’impatience légitime des nombreux professionnels, familles et usagers qui subissent les conséquences de cette décision inique. Le Gouvernement ne semble décidément pas avoir pris la mesure de la situation.